Il y a un peu plus d’un an, je découvrais dans mon fil d’actualité Facebook un appel à volontaires pour participer à un projet de mesure de la pollution de l’air. Aujourd’hui, je découvre l’ébauche de l’étude dans ma messagerie. J’ai un peu froid dans le dos. Et un peu peur, aussi…
Citizen Science
Tout a donc commencé par cet appel lancé, il y a un peu plus d’un an, par le BRAL, un mouvement urbain qui se bat pour un Bruxelles durable. On parlait de “citizen science”, de la VUB, de volontaires, mais surtout de qualité de l’air. Il suffisait 1. d’être bruxellois; 2. de respirer pour être retenu. Je décide donc d’y aller, “juste pour voir…”.
Au final, le projet durera 8 mois. Pendant tout ce temps, je suis invitée à porter sur moi, pour tous mes déplacements, mais aussi chez moi et au travail, un AirBeam – un petit appareil qui mesure l’un des (nombreux) polluants présents dans l’air (extérieur et intérieur), à savoir les particules fines (les PM 2.5, les toutes fines, celles qui pénètrent dans tes poumons même si tu gardes la bouche fermée). Pourquoi les PM2.5? Parce que c’est un bon indicateur de la pollution urbaine (lisez: “de la pollution produite par les véhicules motorisés”). Pendant des mois, je mesure la qualité de l’air que je respire. Partout: chez moi, à vélo, dans mon espace de coworking préféré, au supermarché, au marché, au café…
J’ai les boules
Si j’ai décidé d’écrire cet article aujourd’hui, c’est parce que plus d’un an après le lancement du projet par Nicola da Schio, le chercheur de la VUB à l’origine de l’étude, celui-ci vient de m’envoyer les résultats, pour approbation avant publication de l’étude (dont tu peux lire le résumé ici). Nicola voulait que je vérifie le passage qui concernait mon profil. Je le reproduis ci-dessous.
Katia is freelance translator & copywriter. Formerly regular car driver, she now uses her bike for most of her commutes and in her freetime. She lives in the Eastern part of the region, in a first floor apartment with all windows facing a very busy crossroad, with heavy car and bus traffic during peak hours. Her office is in a co-working space, in a recently renovated and air-conditioned building. During her commute, Katia said to try escaping traffic and pollution, by taking smaller streets, keeping a distance from buses and track, and as much as possible avoiding peak hour times. While for shopping and similar she remains within walking distance from her residence, Katia often rides to the country side for leisure during the weekend. Her exposure portrait is the one characterised by the highest level of time*exposure among those which we have analysed here. The lion’s share is taken by her home time, which is both the activity that takes the largest number of hours, and the one characterised by the highest level of PM2.5 concentration. While representing only a marginal share of her time and time*exposure, the commute, leisure activities and shopping were also characterised respectively by very high (commute), and high levels of exposure (essentials & leisure). The only activity presenting low levels of pollution, was her time in the office, contributing to lower the her average exposure and acting as a an actual safe-haven.
Voilà. En gros, de tous les volontaires ayant participé à l’étude, c’est moi qui suis le plus exposée à la pollution de l’air. J’ai beau bouger, manger sainement, avoir arrêté de fumer, j’ai beau tout faire comme il faut (ou presque, faut pas pousser non plus) pour rester en bonne santé le plus longtemps possible, je suis peut-être en train de préparer mon cancer. Parce que quand je suis chez moi, ou quand je me déplace en ville, je respire un air trop pollué et particulièrement dangereux. Il n’y a que dans mon espace de coworking préféré où je peux respirer un air sain (je vais leur dire d’ajouter cet avantage dans la liste des trucs offerts avec l’abonnement, tiens: “Imprimantes, café, biscuits… air pur”).
De la connaissance à l’action
Pendant les 8 mois du projet, nous nous réunissions régulièrement, avec Nicola et les autres participants, pour discuter de nos observations, les analyser, mais aussi apprendre, les uns des autres, mais aussi grâce aux experts ou aux journalistes parfois invités à nous rejoindre. On apprend à distinguer les différents polluants, leurs causes, leurs conséquences pour la santé, les solutions possibles. On nous explique les normes internationales. Au terme de chaque réunion, j’en sais un peu plus.
Riche de ce nouveau savoir, j’ai eu envie d’agir. Il fallait que je partage ces nouvelles connaissances avec le plus grand nombre. Que les gens sachent ce qu’ils respirent. Qu’ils sachent, aussi, que des solutions existent, pourvu que le courage politique soit au rendez-vous. C’est ainsi qu’il y a un an environ, j’ai rejoint le groupe citoyen des Bruxsel’Air, que j’avais découverts lors de leur formidable action Statues, qui avait été largement relayée dans les médias.
Les Bruxsel’air, c’est un groupe citoyen apolitique, composé d’une petite dizaine de Bruxellois qui avons à coeur de faire bouger les choses en matière de qualité de l’air. La recette est simple: informer le plus grand nombre sur une question qui n’épargne aucun Bruxellois. Parmi nous, des scientifiques, des experts du climat ou de la pollution, et de simples citoyens, comme moi. (Si ça t’intéresse, je t’expliquerai dans un prochain article en quoi la qualité de l’air est tellement mauvaise dans notre belle capitale et comment, avec un peu de courage politique, les choses pourraient radicalement changer, pour un mieux. En attendant, n’hésite pas à aller jeter un oeil à notre site.)
Revolution’Air – Le premier Festival de la qualité de l’air
Toi aussi, tu respires (savais-tu que tu inhales 15 000 litres d’air chaque jour? Quinze mille!). Alors si tu as envie de nous soutenir, ou juste de mieux respirer, je t’invite à nous rejoindre le 7 octobre prochain au Parc du Cinquantenaire pour le tout premier Festival de la qualité de l’air de l’histoire de Bruxelles: Revolution’Air. Le sujet est sérieux, certes, mais notre festival se veut une grande fête, avec de la musique, un tas d’activités pour petits et grands, mais aussi à manger, à boire, et plein de surprises! Cela fait des mois que nous bossons sur cet événement. Nous y mettons tout notre coeur et notre énergie. Notre but: que toutes les Bruxelloises et tous les Bruxellois prennent conscience (dans la joie et la bonne humeur, parce qu’on est quand même à Bruxelles, hein!) que l’air que nous respirons est dangereux (la mauvaise qualité de l’air en Belgique est à l’origine de 12 000 décès prématurés chaque année. Douze mille. C’est presque autant que le tabac). Pour que les Bruxelloises et les Bruxellois réfléchissent bien, mais vraiment bien, avant de donner leur voix à l’un ou l’autre parti, le 14 octobre, et en mars 2019.
Toutes les infos sur l’événement sont ici. Alors, tu viens?