Dans Bruxelles, ma belle, Réflexions

Cette semaine, Fête nationale oblige, la nomade sédentaire vous parle de sa vision de son pays natal, la Belgique, et de son amour pour celui-ci.

J’aurais pu naître à Nicosie ou dans la campagne congolaise, et pourtant, le destin en a décidé autrement, puisque c’est en Belgique que j’ai vu le jour.

Mon père, d’origine chypriote, est en effet né et a grandi dans le Kivu, dans l’Est du Congo, son père ayant décidé en son temps de rejoindre la communauté chypriote présente en nombre dans la région. Je ne vais pas vous faire tout l’historique de la famille – un seul billet ne suffirait pas. Juste vous expliquer, en prélude à ce billet sur notre Plat Pays, comment mon père a atterri en Belgique, dans les années 60, et a finalement décidé d’y rester.

En 1960, lorsque le Congo gagne son indépendance, les coloniaux sont priés de quitter le pays. Ne sachant trop où aller, mon père, nomade dans l’âme, décide de faire l’expérience de la Belgique et d’y retrouver sa tante. C’est ainsi qu’à l’âge de vingt ans, il quitte les singes, les serpents et autres crocodiles qui font son quotidien pour découvrir la Cité des ânes, nom donné à Schaerbeek, une des 19 communes de Bruxelles.

Un jour, tandis qu’il promène le chien de sa tante, il croise une jolie rousse. Il ne lui en fallait pas plus pour décider de ne plus quitter le pays. Il finira par l’épouser et par lui faire trois magnifiques enfants (doués d’une intelligence exceptionnelle, d’un humour hors du commun et d’une modestie sans limites).

Unknown

Pourquoi est-ce que je vous parle de cela? Parce que j’avais envie de faire honneur à la Belgique aujourd’hui, jour de Fête nationale. Parce que même si les choses n’ont pas toujours été faciles pour mon père, en tant qu’immigré, même si, en arrivant en Belgique, il a dû recommencer en bas de l’échelle, même s’il a côtoyé de près le racisme pendant des années et le côtoie encore toujours, parfois (je songe à ces établissements, dans les années 60, qui affichaient sur leur porte d’entrée “Interdit aux étrangers”, où ma mère a dû faire un scandale pour pouvoir y entrer en compagnie de son mari, ou encore aux contrôles d’identité qui étaient le lot quotidien de mon père, tandis qu’il prenait le train à 5 heures du matin pour se rendre au travail), même si la vie n’a pas toujours été simple, donc, pour mon papa, si vous lui demandez aujourd’hui de quelle nationalité il est, c’est avec fierté qu’il vous répondra: je suis Belge.

Ce pays a fini par l’accueillir et lui faire la place qu’il méritait. Et pour ma part, étant née ici, je me suis toujours sentie belge et jamais ou presque je n’ai ressenti de discrimination à mon égard.

stellaMais la Belgique, ce n’est pas que cela. C’est aussi un pays qui a l’art et le talent de ne pas se prendre au sérieux. (Nos voisins Français le savent bien et, après s’être longtemps moqués de nous, ils commencent, paraît-il, à nous envier ce trait de caractère.)

C’est un pays où la frite est une institution, puisqu’elle a même droit à son musée, où l’on va même jusqu’à établir des classements officiels des meilleurs fritkots (c’est ainsi que l’on appelle les baraques à frites à Bruxelles). C’est le pays de la bière et du chocolat, le pays des gaufres, le pays de la plus belle Place du monde (si si!), et j’en passe.

La Belgique, c’est aussi le pays de Jacques Brel, de Stromae, d’Arno ou d’Annie Cordy – autant de dignes représentants du surréalisme national dans la chanson.

Mais la Belgique, ce sont aussi, hélas, ces batailles linguistiques et territoriales. Ces 987 ministres et ces 67 gouvernements régionaux (j’exagère à peine). Ce sont aussi tous les problèmes provoqués par ces divisions territoriales – comme le survol de Bruxelles, avec un aéroport national installé en Flandre, en bordure de Bruxelles, et des avions qui survolent la capitale, densément peuplée par définition, au lieu de survoler les vaches flamandes (bon, au moins, elles sont contentes, c’est toujours ça).

vache

La Belgique, c’est aussi un pays toujours uni – n’en déplaise à certains -, comme on a pu le constater il y a quelques jours dans le cadre de la Coupe du monde, avec nos Diables rouges et le pays tout entier réuni, au-delà des clivages linguistiques, derrière son équipe de football.

coupe du monde

 

Alors voilà. Aujourd’hui, je vous propose de faire sa fête à la Belgique comme elle le mérite. La Belgique est un petit pays, mais au grand coeur. Que vous soyez belge de souche, fille ou fils d’immigrés ou belge d’adoption, soyez fiers d’être belge. Si la Belgique ne vous a pas toujours tendu les bras, pardonnez-lui: elle est  parfois maladroite, certes, mais jamais mal intentionnée. C’est qu’avec toutes les langues qu’elle parle et tous les ministres qui la dirigent, elle s’emmêle parfois les pinceaux, voyez-vous. De même, si vos voisins vous regardent parfois de travers, ne leur en veuillez pas: montrez-leur que vous aussi, vous êtes fier d’être belge, et peut-être vous inviteront-ils un jour à partager leurs moules-frites, qui sait?

En somme, revendiquez votre belgitude. Parce que de tous les peuples de la Gaule, je vous le dis, les Belges sont les plus chouettes!

La nomade (sédentaire)

 

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2 commentaires affichés
  • KLF
    Répondre

    Je n’aurais pas dit mieux. Suis fière de faire partie de cette communauté depuis plus de 10. Je l’adore et je ne veux pas la quitter 🙂

  • KLF
    Répondre

    * plus de 10 ans…

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