Ne voyez dans ce titre aucune proposition indécente de ma part. Aujourd’hui, j’ai juste envie de vous prendre par la main et de vous emmener à la découverte du quotidien de cette génération émergente d’entrepreneurs qui en ont eu assez de travailler seuls chez eux et qui ont décidé de profiter de l’une des oeuvres de l’économie collaborative: le coworking.
J’ai déjà expliqué le principe du coworking dans un précédent billet, que je vous invite vivement à consulter – non seulement parce qu’il est extrêmement bien écrit (la nomade est aussi modeste), mais surtout parce que vous pourrez ainsi comprendre de quoi il s’agit exactement et mieux situer la suite de ce billet.
Je vais donc vous conter une journée type dans mon centre de coworking préféré à Bruxelles: le Betacowork. Vous êtes prêt? C’est parti!
Il est presque huit heures et, mes croissants encore chauds sous le bras (enfin, façon de parler, vous pensez bien que je ne vais pas prendre le risque d’écrabouiller ces petites merveilles du matin!), je pénètre dans l’espace de coworking. C’est encore très calme à cette heure-ci; nous devons être deux, maximum trois, répartis dans les trois salles que compte le centre. En passant devant les deux premières salles pour rejoindre la mienne, je salue de loin les (encore) plus lève-tôt que moi – et me demande pour certains s’ils ont passé la nuit sur place.
8h01 – J’installe mes affaires à “mon” bureau habituel. J’utilise des guillemets parce que ce n’est pas vraiment “mon” bureau, l’idée étant que chacun est libre de s’installer plus ou moins où il le souhaite. (Je précise que les espaces de coworking, ce sont des sortes d'”open spaces”: des tables, des chaises, des imprimantes, des bonbons (très importants, les bonbons!) sont mis à disposition des coworkers.) Je sors mon ordi, le connecte à mon écran externe (que je laisse là en permanence) et je sors mes dicos que je laisse dans “mon” armoire.
8h05 – Le temps que Mister Mac démarre, je me dirige vers la cuisine pour me faire le café qui accompagnera mes croissants – ne jamais commencer une journée de travail le ventre vide!
8h10 – Cette fois, je m’installe à mon bureau et commence ma journée de travail. J’aime le calme du matin. Le soleil brille aujourd’hui, alors j’ouvre grand la fenêtre – histoire de mieux entendre les oiseaux faire coui coui (et les avions faire VVVVVVMMMMMMMMMMMMMMMM… J’en profite pour passer un petit message à M. Wathelet: ON EN A MARRE, MELCHIOR, BORDEL DE MERDE!!!!!!!!! cette situation commence tout doucement à nous agacer sérieusement – merci d’en tenir compte).
8h15 – Aaaaah je me sens moins seule, soudain: voilà mon voisin de bureau (celui de gauche – car nous avons tous nos petites habitudes, dans notre salle, et notre petite place habituelle). Traducteur lui aussi, il pénètre dans la salle, le sourire aux lèvres, débordant d’énergie. Après les petites salutations du matin, il installe ses petites affaires à son tour et s’en va vers la cuisine pour se préparer son petit déjeuner – nettement plus équilibré et complet que le mien, je dois bien l’avouer. Un jour, moi aussi, je mangerai sainement le matin. Un jour…
8h45 – Voilà mon “collègue” copywriter qui fait son entrée, son casque sur les oreilles, ses lunettes de soleil sur le nez, le sourire aux lèvres, lui aussi. Lui, c’est mon voisin de droite (ne cherchez pas une quelconque allusion à ses opinions politiques ici – il se trouve juste que “son” bureau à lui se trouve à ma droite). Avant de s’installer à “son” bureau, il dégaine son smartphone et me montre la photo de la fleur qu’il a photographiée en chemin ce matin – copywriter ET poète.
9 heures – La concentration est à son comble dans la salle. On entend les mouches voler (et les avions, survoler nos têtes…). D’autres coworkers continuent à arriver. Tiens, voilà notre spécialiste Google qui fait son entrée. Lui, il est de l’autre côté de la salle. Bon, je dis “spécialiste Google” parce que je n’ai pas encore tout à fait compris en quoi consistait son métier – un peu trop abstrait pour moi. Mais je ne désespère pas: il m’a promis de m’expliquer un jour à quoi il passait ses journées.
10 heures – Je ne comprends rien à ce texte! Quelle idée aussi de traduire vers le français un texte écrit en anglais par un Italien!? Je dois être maso… Besoin de faire une pause! Et si j’embêtais un de mes voisins? Un coup d’oeil discret à gauche, puis à droite, pour identifier celui qui a l’air le plus concentré. Celui de droite a carrément ses écouteurs sur les oreilles et est plongé dans son écran. Ma victime sera donc mon voisin traducteur: “dis, tu veux bien jouer avec moi, dis?”.
11 heures – Un ouragan vient d’entrer dans la salle. J’ai frôlé l’arrêt cardiaque, concentrée que j’étais sur ce texte de merde passionnant. “GOOD MORNING!!”, s’écrie le tsunami. “Hein? Quoi? Où suis-je??”. Le tsunami, c’est Ramon, le fondateur du Betacowork, qui vient nous dire bonjour, comme tous les matins, et prendre de nos nouvelles. Et oui, le coworking, c’est une grande famille: tout le monde se connaît, se salue, se tutoie. Tous dans le même bateau!
Midi – Va falloir penser à se sustenter. Ah, aujourd’hui, c’est le jour du Betacook! Le principe est simple: un volontaire se propose pour préparer à manger pour les coworkers qui le souhaitent. On se réunit à la cafétéria, on déguste l’oeuvre du jour ensemble, on fait connaissance avec ceux qu’on ne connaît pas encore, on demande des nouvelles aux autres.
13h30 – Les autres sont encore à table, mais j’ai du boulot qui m’attend – retour vers mon ordi!
15 heures – C’est l’heure du coup de barre… vos paupières sont lourdes, très lourdes…
Pour remédier au coup de barre de l’après-midi, rien de tel qu’une petite bataille de… lance-roquettes! J’en profite pour remercier Stefania, le bras droit de Ramon, pour m’avoir indiqué où étaient planquées ces petites merveilles qui font la joie de mes petits camarades (hum…).
Le principe est simple: deux lance-roquettes, deux camps – et on tire sur le camp adverse. Essayez, vous verrez, ça réveille!
15h15 – ça suffit, on se remet au travail. Après tout, les clients n’attendent pas et mes traductions ne vont pas se faire toutes seules!
16h15 – Un coworker de la salle d’à côté vient nous voir: “quelqu’un aurait-il un chargeur Mac à prêter pour une heure?”. Entre coworkers, on partage (presque) tout.
Et l’après-midi se poursuit tranquillement, avec les allées et venues des uns et des autres, l’un qui décide d’aller se promener dans les bois en cette belle journée, l’autre qui a rendez-vous avec son client, l’autre encore qui s’en va retrouver un autre coworker rencontré quelques jours plus tôt et avec qui il envisage une collaboration – car c’est aussi ça, le coworking: élargir son réseau professionnel.
Dans la même veine, autre avantage du coworking: la sérendipité (“serendipity”, en anglais), ou “le fait de trouver autre chose que ce que l’on cherchait”. C’est d’ailleurs ainsi que Ramon se définit: “Serendipity Accelerator” – ça en jette, non? Mais je reviendrai sur cette notion de sérendipité dans un prochain billet.
Le coworking, vous l’aurez compris, c’est encore une des oeuvres de cette fameuse révolution de l’économie collaborative – ou sharing economy: on partage (les savoirs, les bureaux, les réseaux, les… lance-roquettes). Bref, le coworking, c’est l’avenir! Et l’avenir, je vous l’ai déjà dit, si on décide de le voir en rose, bah, c’est magique, il devient rose (et oui, j’ai peut-etre bien retrouvé mes chères lunettes roses…).
Sur ce, je vous souhaite une belle semaine. Et n’oubliez pas de découvrir, de partager, d’échanger, de voyager – dans votre tête ou dans l’espace, peu importe, mais voyagez! -, de rêver, de croire, de rire, de jouer, d’espérer et, surtout, d’aimer!
La nomade (sédentaire)